La table de normalité la plus connue, en matière de vergence, est celle publiée par MORGAN M. W. en 1944, sur la base de 215 patients sains. Ces tables de normalités sont anciennes et on sait assez peu de choses sur les conditions de leur réalisation et sur les critères d’inclusions des 215 patients de la cohorte.

Il faut noter également une « exception française » en la matière et qui veut que les valeurs de vergences considérées -dans l’hexagone- comme physiologiques sont généralement bien plus élevées que celles partagées par le monde anglo-saxon.

Il n’est pas rare d’entendre, sans souvent pouvoir en tracer l’origine, des aphorismes tels que « la convergence de près ne doit pas être inférieure à 40 dioptries prismatiques » ou bien encore que « la convergence est d’amplitude trois fois supérieure à celle de la divergence ».

Ces croyances partagées ont des implications très concrètes puisque bien des orthoptistes vont souvent justifier leur prise en charge, en matière de rééducation des vergences, sur la seule base de ces valeurs pseudo-normatives et travailleront ensuite à augmenter l’amplitude de convergence jusqu’à atteindre le seuil attendu comme « normal ».

Réaliser une étude, en langue française et robuste en matière de protocole, doit permettre de préciser les normes attendues en la matière, de faire avancer les mentalités sur ce point et améliorer la qualité de la prise en charge de nos patients.

Les sujets ont été recrutés à l’occasion de leur visite d’aptitude professionnelle, réalisée au sein du service d’ophtalmologie du Centre d’Expertise Médicale du Personnel Navigant (CPEMPN), au sein de l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) PERCY, situé sur la commune de Clamart (92), en France.

Un certain nombre d’examens ophtalmologiques sont pratiqués pendant cette visite, notamment :

• Acuité visuelle ASC & SC aux E de Raskin
• Acuité stéréoscopique au test TNO
• Mesure des phories ASC : VL et VP
• Examen de la motilité et PPC
• Test du sens coloré à l’Ishihara
• Écart Inter-pupillaire au pupillomètre
• Autoréfractométrie Sans ; puis Sous cycloplégie
• Cycloplégie : 3 gouttes de Tropicamide à T0, T0+10min, T0+20min puis autoréfractométrie à TO+30min

De la sorte, on peut affirmer qu’ils sont indemnes de toute pathologie du système de vision.

Dès lors que le sujet aura terminé les explorations fonctionnelles ophtalmologiques liées à sa visite d’admission maisAVANT celles réalisées sous cycloplégie, il lui est proposé de participer volontairement à une mesure de ses vergences (point de flou et de bris), en VP (40cm) et en VL (5.0m).

Vous trouverez ci-après les résultats obtenus :